La situation est pour le moins préoccupante, alors que la menace du changement climatique plane au grand jour sur la planète entière.
Ces dérèglements affectent les écosystèmes, la biodiversité et les sociétés, en mettant en péril la sécurité alimentaire, la stabilité économique et l’accès à l’eau.
Les cycles de l’eau dans le monde sont particulièrement touchés par les effets du dérèglement climatique, avec des inondations dans certaines régions et des sécheresses dans d’autres. Selon l’Organisation météorologique mondiale (OMM), plus de la moitié des réseaux hydrographiques mondiaux ont fait face à des conditions anormales.
Ce constat est partagé par Mohammed-Saïd Karrouk, professeur de climatologie à l’Université Hassan II à Casablanca. Il explique que le climat se situe au sommet de la pyramide environnementale et chaque perturbation qui a lieu à ce niveau influence inéluctablement les équilibres écologiques dans leur globalité.
Dans un entretien à la MAP, il relève que la perturbation de la « machine climatique » est une conséquence directe de l’augmentation du bilan énergétique en raison des activités humaines telles que l’exploitation de l’énergie fossile, l’utilisation des machines, la transformation de la nature du sol et la pollution de l’atmosphère.
A cause de l’augmentation de ce bilan énergétique, le cycle de l’eau, première composante naturelle impactée par ce phénomène, est lui-aussi ébranlé, regrette l’expert.
Il fait valoir que l’élargissement du réservoir atmosphérique dû à l’évaporation accrue de l’eau empêche l’atmosphère d’atteindre le niveau de saturation nécessaire au déclenchement des pluies.
Dans l’attente de cette saturation, l’évaporation se poursuit et les précipitations s’arrêtent, ce qui donne lieu à la sécheresse, autrement dit une évaporation sans précipitation.
A partir de là, on assiste à une situation complexe caractérisée, d’une part, par une température élevée et, d’autre part, par un cycle de l’eau qui devient irrégulier et instable.
Ce nouveau cycle hydrothermique implique un changement de la géographie du froid et de la chaleur, dans la mesure où l’espace chaud envahit l’espace froid.
« Si la circulation atmosphérique est envahie par des masses d’air chaudes et des bilans énergétiques excédentaires, il est peu probable qu’il pleuve », s’alarme M. Karrouk.
Le Maroc n’est clairement pas épargné par ce phénomène. De l’avis de l’expert, le pays a vécu le même phénomène à partir de décembre dernier, vu que des flux atmosphériques se sont installés au large du Royaume.
Par conséquent, enchaîne-t-il, l’espace marocain a été mis sous l’effet de la vallée planétaire froide depuis janvier dernier, qui a amené un froid ayant condensé la vapeur d’eau existante dans l’atmosphère marocaine, entraînant ainsi les précipitations tardives.
Derrière chaque sécheresse inhabituelle et chaque pluie torrentielle, c’est un cycle qui se dérègle. Et face à ce glissement saisonnier, l’adaptation n’est plus une option, mais s’avère obligatoire pour atténuer les effets du changement climatique.
MAP / Mohamed Achraf Laaraj